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LES PEINTRES AU CHARBON

Dans les années 1930, en Angleterre, un groupe de mineur suit des cours d'Histoire de l'Art. Abandonnant bien vite la théorie pour passer à la pratique, ils voient leurs travaux remarqués par une riche collectionneuse.

Lee Hall, scénariste du film Billy Elliot, raconte cette improbable - mais authentique! - découverte du monde de l'art et dresse de ces hommes des portraits touchants, inttendus et drôles.

Dans le plus pur ton de la comédie sociale anglaise, Lee Hall évoque la singulière trajectoire de ces "peintres au charbon"....

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J'ai cru que les choses auxquelles nous ne pouvions atteindre ne sont pas de notre partage. Mais, malgré ce désespoir, je ne laisse pas de désirer d'être instruit (...)

Nous apportons en naissant le germe de tout ce qui se développe en nous; mais nous n'avons pas réellement plus d'idées innées , que Raphaël et Michel Ange n'apportèrent en naissant de pinceaux et de couleurs." Voltaire : "Le philosophe ignorant".

 

Lee Hall ne fait pas parler des gens ,vous ou moi, il fait parler le peuple -non les masses ou les victimes (même atteintes de tétraplégie comme dans "La cuisine d'Elvis" ou de cancer comme dans "Face de cuiller" )- il fait parler le peuple dans sa dignité d'acteur du genre humain :des professeurs, des pâtissiers, des artistes ,des mineurs de fond, des amateurs d'art, vous et moi.

 

Quand Voltaire écrivait que "le théâtre instruit mieux qu'un gros livre", nul doute qu'il ne songeait guère à une école du spectateur, mais plutôt à ce que l'émotion, tragique ou comique, reste une forge universellement accessible de la libre pensée.

 

Lee Hall veut être compris de tous, non décodé par quelques initiés. Ses pièces vibrent d'un engagement, de quelque chose qui veut se mettre debout. J'essaie de retrouver ce mouvement.

 

Étrangement au pays de Molière, de Marivaux, de Voltaire et de Beaumarchais, l'injonction dominante place souvent le peuple sous la loupe compatissante du sérieux avec ce regard d'anthropologue penché sur une ethnie méconnue. On rit parfois du populaire (heureusement !), mais l'on rit souvent de séquences, d'habitudes répertoriées, et le "on" de ce rire nous distingue délicieusement, nous les autres...

 

Il est rare aujourd'hui qu'au théâtre l'homme de la rue vive des aventures -à l'instar de Sosie, Scapin, quelque Lisette, Figaro et tant d'autres - qu'il se voie conférer un destin, une trajectoire où l'expérience va dégager un questionnement métaphysique, une émancipation morale, politique, susceptibles d'apporter un enseignement ou un témoignage universel.

 

Ici les mineurs de Lee Hall se commentent eux-mêmes avec humour et passion. Eux qui "n'avaient jamais vu de tableau en vrai"  vont disputer avec le maître.

 

Marion BIERRY

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